THÉÂTRE
CRÉATION Les aveugles création en confinement mai 2020
Les Aveugles de Maeterlinck
Conception et réalisation : Syméon Fieulaine
Les Aveugles : Marie Gaidioz, Elyssa Leydet-Brunel, Delphine Loiseau, Bénédicte Ménissier, Cécile Rattet, Elsa Stirnmann, Nicolas Bole, Florent Chaffiol, Sebastien Mintoff, Jean Frédéric Noa, Alexandre Pratlong, Christian Rançon
Prologue : Alain Simon
WEB : Khalil Bessa
Arrangement sonore : Maurice Salaun
Partage de l'expérience théâtre confiné ou comment faire ensemble à distance et éprouver l'intensité du rapport au "plateau" !
Il y a longtemps j’avais découvert Maeterlinck et ses écrits sur la nature, sur les abeilles et ce texte « Les aveugles ». L’ambiance et le côté symboliste fait pensé à Bergman, la polyphonie des voix, l’écoute tendus vers la nature seule interlocutrice de ce monologue humains à 12 voix…plein de choses me parlaient. Le lien avec le contexte social était évident : le manque de dialogue, l’incapacité à agir réellement sur les questions écologiques, la rupture entre les responsables politiques et leurs administrés, les gilets jaunes… Tout ça créer un contexte favorable pour ce texte. Je trouve très important qu’une œuvre et la réalité puissent se rencontrer, surtout quand il s’agit d’une œuvre datée dont la langue et le propos peuvent surprendre. En ajoutant au titre la phrase prononcée par Jacques Chirac «la maison brûle et tout le monde regarde ailleurs» je trouvais cet espace intéressant et juste. Puis est arrivé le confinement et l’idée d’une lecture avec de multiples voix, venues d’un peu partout en France m’a semblée évidente ; chacun de chez lui lirait et enregistrerait sa partition, sans savoir à qui il s’adresse, et j’assemblerais la matière par la suite. Une rencontre à l’aveugle, comme en produisent beaucoup les réseaux. Nous avons ensuite fait une lecture partagée en visio-conférences, mais écran fermé. À la fin de la lecture, chacun à découvert son alter ego, comme un voile de confinement qui se levait. Le contexte et l’œuvre se répondaient.
L'histoire :Ils sont douze. Six hommes et six femmes, presque tous très vieux Tous sont aveugles. Certains depuis leur naissance. Le prêtre de leur hospice les a emmenés en promenade dans la forêt puis il a disparu. Ils l’attendent, incapables de retrouver leur chemin sans lui. Les bruits de l’île sont les seuls repères des aveugles pour comprendre où ils sont, pour savoir notamment si la nuit est déjà tombée. Ils écoutent, ils guettent un signe et ils se parlent. La nature, tout autour d’eux, devient l’objet de leurs fantasmes. Chaque bruit les inquiète, la réalité se déforme et la peur de ne jamais pouvoir rentrer débride leur imaginaire.
" Extrait : LE PLUS VIEIL AVEUGLE. Nous ne nous sommes jamais vus les uns les autres. Nous nous interrogeons et nous nous répondons; nous vivons ensemble, nous sommes toujours ensemble, mais nous ne savons pas ce que nous sommes!... Nous avons beau nous toucher des deux mains ; les yeux en savent plus que les mains..."